Vanessa Bolosier : « les chefs qui font des efforts au niveau du menu, ont énormément de succès parce qu’ils innovent »

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1) Peux-tu te présenter aux gourmets de Foodîles qui ô malheur, ne te connaitraient pas ?
Vanessa Bolosier. Mangeuse professionnelle, goûteuse de service doté d’un fétiche pour tout produit à base de noix de coco et rassembleuse de gens autour de la bouffe. Occasionnellement je cuisine mais surtout pour les grandes occasions et quand mes amis me font des requêtes spéciales (surtout depuis la sortie de mon livre de cuisine Creole Kitchen).

2) D’où t’es venu cet amour de la cuisine? Tu es tombée dans le chaudron du bébélé ?
Mes parents sont de fins gourmets. Ils aiment vraiment ce qu’il y a de meilleur et ce que ce soit du terroir ou de la cuisine gastronomique. Mon père en particulier m’a inculqué le goût du bon. Du coup ben quand on aime bien manger, à mon avis, l’étape première est de savoir un minimum cuisiner. ET, j’ai eu la chance d’avoir un papa pédagogue (il était enseignant) qui nous a laissé un héritage culinaire riche. Alors j’ai nagé dans du pâté en pot, bébélé, chaudeau et pain au beurre chocolat. Tout un programme !

3) Comment positionnes-tu la cuisine créole par rapport aux autres cuisines américaines, européennes, africaines par exemple?
J’ai tendance à ne pas tomber dans la généralisation. Je pourrais dire que la cuisine créole est la meilleure et un mélange de toutes ces cuisines (et elle l’est en partie) mais toutes les cuisines se valent. Suffit que la personne qui cuisine soient douée et passionnée. De grouper ces cuisines par continent est beaucoup trop généraliste. Les cuisines grecques, espagnoles et polonaises sont extrêmement différentes et peuvent être toutes aussi bonnes de même que la cuisine dans un pays d’Afrique, d’une ethnie à une autre, d’un village à un autre ; elles peuvent faire découvrir des saveurs et des techniques de préparation tellement uniques qu’il m’est difficile de les comparer.
La cuisine créole est celle avec laquelle j’ai grandi, avec la cuisine française sous-jacente et du coup, de mon point de vue c’est une base excellente pour apprécier toutes les cuisines du monde. La cuisine française pour une appréciation des cuisines fines et la cuisine créole qui constitue un mesclun de multitudes d’origines.
4) Parle-nous de Coco Gourmand. Comment t’es venue l’idée de ce concept?
A l’un de mes « superclub » (diners clandestins), j’ai servi des sik a coco marrons avec le café. Pour le coup, les blogueuses présentes ce soir là se sont déchainées sur les réseaux sociaux et m’ont presque ordonné de les commercialiser. Du coup ben je l’ai fait !

5) Et Carib Gourmet? Où trouves-tu cette énergie?
Carib Gourmet, c’est plus ce que j’appelle un « passion project ». J’aime l’idée d’un point de chute unique pour tout ce qui se fait de mieux dans l’arc antillais que ce soit au niveau artisanal, culinaire, culturel. Pour moi être épicurien est synonyme d’hédonisme et de ce fait mon point de vue qu’il apprécié le meilleur de ce qui est disponible dans l’assiette ou ailleurs. Ce site est pour l’hédoniste caribéen.
J’aimerais vraiment m’y consacrer plus que je ne le fait en ce moment mais l’idée est là. J’ai 24 h par jour comme tout le monde. Je choisis juste d’utiliser mon temps à bon escient.

5) Pourquoi avoir choisi d’exercer à Londres? 
J’ai fini mes études et ma carrière de mannequin là-bas.

6) Créole Kitchen va bientôt fêter ses un an !! Wééé! Comment a-t-il été reçu?
Mieux que je ne l’imaginais. Honnêtement, le voir en tête de gondole dans les grands magasins, boutiques d’intérieurs haut de gamme, les grandes librairies et même certains supermarchés m’étonne encore. Les retours sont vraiment excellents. J’ai même réussi à réconcilier certains avec des ingrédients qu’ils détestaient à la base. La première partie du livre est la plus appréciée. C’était un risque que de mettre une introduction aussi longue dans un livre qui par essence est censé juste lister des méthodes de cuisine. Mais je voulais faire plus que ça. Je voulais introduire le contexte dans lequel cette cuisine est née et comment je l’ai expérimentée au niveau personnelle, chez moi. Les gens ne connaissent absolument pas la Guadeloupe et la Martinique en Angleterre (hormis à travers Thierry Henry) du coup je me sentais investie d’une mission avec ce bouquin et je pense que cette mission à été accomplie. J’attends de voir comment il sera reçu aux Etats-Unis, Canada, Hollande et en France cette année…

7) La Guadeloupe est de plus en plus prisée par les touristes, notamment avec l’arrivée  nouvelles dessertes. Penses-tu que notre gastronomie a une carte essentielle à jouer dans les séjours ?
Absolument! C’est indéniable. Nous avons beaucoup de choses à offrir mais le tourisme de luxe, les resort et le yachting ne me semble pas être notre force. Le tourisme de terroir, la découverte de notre agriculture, pharmacopée, artisanat culinaire, et cuisine ont le potentiel de vraiment nous placer à l’échelle internationale comme un destination incontournable dans la Caraïbe. Toutefois je pense que de nombreux efforts sont encore à faire.
Babette de Rozières essaie de faire un travail incroyable en essayant de créer une nomenclature de ce que constitue le terroir de la cuisine créole et c’est important d’avoir ça comme référence de base à mon avis.
Les menus dans les resto sont trop similaires, je pense qu’il faut s’éloigner de la complaisance même si les classiques doivent subsister. J’aimerais identifier un restaurant où prendre un didiko, manger un bon ti fig et tripes ou un choukaj par exemple.
L’alliance « accras-colombo-court-bouillon-flan au coco » dans la plupart des restaurants peut devenir ennuyante et du coup les chefs qui font des efforts au niveau du menu, ont énormément de succès parce qu’ils innovent.

8) Et enfin, quand tu es de passage dans nos eaux, quelles sont les tables qu’il te faut absolument visiter?
  • Les Délices du Papillon. L’accueil, le service, la qualité des produits, l’originalité, la finesse de la cuisine et le prix vachement abordable vu le standard.
  • Au plaisir des Marins, chaque séjour nécessite une visite à Marie-Galante pour mon court-bouillon de grande gueule
  • Le Colombo pour la langouste et le côté chaleureux (les portions sont très généreuses lol)
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Le Colombo – Photo de Kassandras partagée sur Foodîles

Où peut-on te suivre ?
On peux pas, je vais trop vite, hahahaha !!!
Réseaux sociaux
Instagram, Facebook, Tumblr, Twitter et dès le mois d’avril sur vanessabolosier.com

Et acheter ton livre?
Amazon pour les internationaux qui veulent le livre dans sa version originale.
En France, il sera bientôt disponible à la Fnac, sur Amazon France et chez tous les bons libraires.
J’espère que la Librairie Jasor et Librairie Antillaise le stockeront un jour, on sait jamais.
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Creole Kitchen – Vanessa Bolosier

Foodiles

Foodîles est un média gourmand qui a pour ambition de mettre en avant les talents culinaires de nos Iles de Guadeloupe : restaurants, chefs, agro-transformateurs sont autant de talents au service de la promotion de notre territoire.

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2 commentaire

  1. Un réel plaisir de lire ce genre d’article et de voir des personnes qui oeuvrent à la mise en valeur de notre culture.

    @larédaction : essayez svp de faire un effort sur l’orthographe et la grammaire car ça ne fait vraiment pas sérieux et affecte la crédibilité.

    1. Bonjour Huey ! Votre commentaire a été pris en compte. Merci

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